Lu Yu (1125-1210), après une carrière officielle dans l’administration impériale, quelque peu contrariée par son franc-parler politique et son extravagance, à cinquante-six ans se retire dans son village natal, au sud-est de Hang-chow, alors capitale de la Chine des Song du sud. Il y vit jusqu’à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, menant la vie d’un poète paysan, d’un épicurien taoïste. Dans ses poèmes qui en sont l’exact reflet, il nous convie à partager son expérience, éminemment libératrice, d’accord poétique au cours des choses.
le nouvel automne
l’air de l’automne souffle comme une flûte claire
à la taverne la bannière est hissée, on peut y acheter à crédit
je chante joyeusement en traversant le petit marché
à mon chapeau bas est épinglée une fleur sauvage
une fille de la rivière me garde des crabes frais
un vieux jardinier m’offre des courges tardives
qui devinerait que, vieillard oisif,
je fais de ma vie une longue ivresse?